43.
Avant d'écrire ce
journal, j'en avais commencé d'autres. En commençant celui-ci je ne
m'attendais pas à avoir tant de choses à raconter! Il m'est arrivé
tellement de choses en un an! Et ce n'est pas fini.
Voilà donc ce que
j'ai écrit il y a un an. Je parle de choses dont je ne vous ai pas
encore donné de détails.
Roundabout
« Non,
non je n'aurai pas peur de la page blanche! En fait moi, comme dirait
Y., je fais de la “diarhée verbale”. Alors, oui, avec moi vous
n'allez pas vous ennuyer! Enfin, un peu, peut-être!
Ceci
n'est pas vraiment destiné à être lu, je l'écris pour moi, pour y
voir plus clair. Et au lieu de dialoguer avec mon double, je dialogue
avec vous. Si vous lisez ceci, j'espère que ça vous aidera. Vous
allez avoir droit aux Feux de l'amour en plus jeune! Accrochez-vous
un peu avant de fermer ce livre!
Je
m'appelle L. Conichiwa watachiwa L. des! Je remercie ma soeur de
m'avoir appris au moins un truc en japonais! Moi, c'est plutôt
l'anglais, c'est plus facile! Alors si je glisse quelque mots en
anglais, ce n'est pas pour vous énerver, c'est juste ma façon de
parler. J'aurai pu écrire ça en anglais mais il est temps que
j'affronte ceux qui m'entourent, que je me laisse comprendre si je
puis dire.
Pour
vous planter le décor, j'habite dans une petite ville du sud de la
France, un peu la Floride française avec tous les vieux! Entre 14 et
20 ans c'est l'enfer et puis après on s'y sent chez soi! Mon père
vit à la campagne avec mon affreuse belle-mère!! A toutes les
Cendrillon dans l'âme, le challenge est lancé! Mon père vit avec
la mienne depuis 13 ans. C'est sa maison à elle. Elle a des terres
et des appartements mais ne travaille pas. C'est une des rares
rentières encore en vie! Depuis qu'il est avec elle il est
alcoolique. Oh, il travaille toujours mais boit pastis et vin le soir
et surtout le week-end! J'ai récemment pu me rendre compte que c'est
cette maison qui attire les gens! Quand on les invite une fois, ils
reviennent tous les soirs! Et qu'est-ce qu'on y prend plaisir!! Ma
belle-mère n'est pas commode puisque quand mon père a emménagé
avec elle, elle a dit qu'elle ne voulait pas qu'on vive chez elle.
Alors ma mère est revenue de Paris après 4 ans d'absence. On a
choisi la garde alternée, 2 semaines sur 4. C'était pour y trouver
un équilibre. Entre ma mère pauvre et mon père alcoolique. Je ne
me plains pas. Je pense qu'ils ont réussi mon éducation. J'énonce
les faits voilà tout. Chez mon père donc, ils faisaient la fête
souvent, en semaine ou pas. C'est Friends qui m'a aidé. (Honte à
ceux qui ne connaissent pas!) Je laissais la télé allumée jusqu'à
4h du mat pour pas entendre les disputes. Il y a eu des verres
brisés, mon père a été mis à la porte plusieurs fois. Nous aussi
d'ailleurs! Sympa la belle-mère qui craque et balance les affaires
en vrac par la fenêtre! Faut dire qu'elle était pas facile avec sa
fille non plus. J. a le même âge que moi. Sa mère l'insultait et
lui disait qu'elle était une bonne à rien. Son père travaille dans
un autre pays, gagne bien sa vie et lui donne de l'argent au lieu de
l'amour. Il a refait sa vie et a eu une fille.
Ma
mère de son côté, a eu diverses relations amoureuses avec des
homme plus jeunes. Ils rompaient souvent à cause de leur désir
d'avoir des enfants. Au final elle est avec le parrain de J., dans la
maison collée à celle de ma belle-mère, maison qui fait évidemment
partie de ses propriétés. C'était un peu le bordel au début, mon
père était dég de la voir là, mais bon.
***
Le
cadre donné, je peux passer un peu à moi. Vous allez vite en avoir
marre!
J'ai
eu très peu d'histoires d'amour pour l'instant. Ca devrait pas être
trop dur à suivre! ;)
Mon
problème c'est Y.. Vous savez le gars avec qui vous n'êtes jamais
vraiment sortie et à propos de qui vous vous demandez toujours “Et
si?”. C'est lui. Ca fait 5 ans. Je sors avec son meilleur ami. Vu
comme ça ça fait un peu brutal mais attendez que j'explique!
Bon,
je sortais avec un R.. Notre histoire a commencé quand j'avais 15
ans. Trois mois après le début de notre relation, je partais au
Canada pour 3 mois. On est restés ensemble, bien sûr, à quinze ans
on croit à l'amour! Sauf que je suis sortie avec un garçon là-bas
et lui avec une fille ici.. Mais ça je ne l'ai su que trois ans
après! Enfin, cette histoire était assez chaotique. Pour faire
court, il était gentil mais si vous l'aviez vu avec sa mère!
C'était sa bonne! Aucune reconnaissance de la part de R.! Il faut
dire qu'elle se laissait faire aussi. Pour faire court, j'avais très
peur de prendre un jour la place de sa mère. R. voulait passer sa
vie dans notre petite ville avec une femme qui travaille mais est au
foyer en même temps et moi je rêvais de repartir au Canada et dans
le reste du monde. Bizarrement notre relation a duré 4 ans. Avec des
bémols. J'ai rompu une fois en Première. Je suis sortie avec un
rugbyman pendant un mois. Mauvais souvenir. Gare à ces embobinateurs
les filles!
Et
puis, à la fin de cette histoire, R. est revenu vers moi et on est
ressortis ensemble. Ne me demandez pas d'expliquer, je ne me rappelle
plus. Disons qu'il était ma deuxième famille, ou simplement mon
père de substitution. Il était dur avec moi comme on pense qu'un
père devrait l'être.
La
deuxième “bévue” de mon histoire avec R., c'est Y.. L'histoire
avec Y., je l'ai racontée un millier de fois, comme pour ne pas
oublier. Attention, les filles, ce coup-ci je vous vends du rêve!
En
Terminale, j'ai changé de lycée. Oui, il y a deux lycées dans ma
petite ville! Comme ma mère avait déménagé, on était maintenant
à deux minutes à pied du deuxième alors j'ai demandé à changer.
Dans ce lycée, il y avait R. et ses potes et toute ma bande de
copine de collège que je n'avais guère revue depuis. Mais voilà le
plus intéressant. Je vais faire de mon mieux pour rendre l'émotion
que j'ai eu à ce moment-là. En rentrant en cours de philo, ce
matin-là, j'ai croisé un regard qui m'a transpercée. Quand j'y
repense j'en tremble encore. Mon corps tout entier a vibré, j'ai
baissé les yeux immédiatement. Il était assis derrière moi. Je
pouvais sentir sa présence. Impossible d'écouter la jolie jeune
prof qui faisait son cours. En sortant, à la récré, je suis allée
retrouver le groupe de mes copines de collège. La première chose
que je leur ai dite, encore tremblante “Les filles, y a un mec dans
ma classe, il est trop beau!” “C'est qui?” “Y.” “Y. X?”
“Oui” Rires. “C'est mon cousin!” Choc. Elles le connaissent
depuis longtemps. Comment se fait-il que je ne l'ai jamais vu? “Il
était au collège. Il était très discret, il n'avait pas d'amis.”
Il
fallait que je l'évite, il ne fallait pas que je pense à lui.
J'avais fait suffisament de mal à R.. J'ai fait ce que j'ai pu pour
éviter de parler à Y.. Mais il m'obssedait déjà. Un jour, R. m'a
donné un bon prétexte pour me jeter à l'eau. Il m'a dit “je
crois qu'on devrait prendre nos distances.” On était en novembre.
J'ai donc commencé à parler avec Y.. Juste des banalités, sur les
cours, les autre gens de la classe, vite fait, entre deux cours. Il a
fini par me proposer d'aller boir un verre tous les deux. J'y suis
allée. Impossible de me rappeler ce qu'on s'est dit. Juste
l'émotion. Les trembements, les vibration de mon corps. A partir de
ce moment-là, tout s'est engrangé très vite.
Au
lycée, on ne se parlait qu'en présence des autres de la classe, on
s'était constitué une bande de potes communs. On riait tous
ensemble. Ils ont très vite senti la tension entre nous. Dès qu'on
avait un prof absent ou du temps libre dans notre emploi du temps, on
le passait ensemble. Ce temps-là me paraissait toujours trop court,
et pourtant il se comptait en heures. On ne parlait presque pas. On
se voyait chez lui, le plus souvent. On était assis chacun sur un
des deux lits une place qu'il avait dans sa chambre. On se regardait
pendant des heures, on ne disait pas grand chose. Quand on essayait
de parler, on ne se comprenait pas. Je balbutiais, il parlait dans sa
barbe. On était tous les deux abasourdis par ce lien étrange créé
de nulle part. On ne se connaisait pas. On était juste attirés
comme deux aimants. C'est marrant comme ce mot, aimant, est proche du
mot amant. Pourtant nous ne faisions rien.
Un
jour, il a neigé. Une petite neige qui fondait en se posant sur le
bitume. C'était un lundi. La neige est très rare chez moi, c'est ce
qui a rendu cette journée magique. Le lundi, on avait philo puis une
heure ou deux de trou. Durant le cours, il m'a tapoté le dos et m'a
dit “Ca te dirait d'aller au chateau après le cours?” Le chateau
se situe sur une petite colline à côté du lycée. Ce sont en fait
des ruines d'un chateau médiéval. Il m'avait montré son endroit
préféré dans la colline, un rocher qui donne sur une partie de la
ville. Ce jour-là, en sortant du cours on est partis en courant dans
la rue, main dans la main. On se jetait des boules de neige sur le
chemin. La course dans la montée et la joie qui envahissait mon
corps rendaient ma respiration difficile. Après avoir traversé la
vieille ville, arrivés dans la partie 'naturelle' de la colline, on
a continué à courir dans les herbes recouvertes de neige. On s'est
arrêtés arrivés à une petite maison abandonnée. Elle était en
ruines mais très mignonne avec ses créneaux en haut des ses murs.
Je me suis assise sur le rebord d'une fenêtre sans vitre. Il s'est
apprcohé de moi, a posé ses mains sur mes cuisses et m'a dit “bon
j'en ai marre”. Il m'a embrassée. Une chaleur m'a envahie
instantanément. Mais pas une chaleur de réconfort, non, une chaleur
brûlante qui a traversé tout mon corps. Puis il est resté debout
devant moi. Je le regardais. Je ne savais pas quoi dire. Il n'y avait
rien à dire. Nos yeux parlaient pour nous. Et puis c'était l'heure
de retourner en cours.
Je
sais bien que ce passage paraît cheesy et surfait mais c'est ce que
mon souvenir me raconte. Ce que mon corps me rappelle. Je ne peux
m'empêcher de vibrer en me remémorant cela. Je ne me rappeller plus
comment j'ai agi avec R.. J'ai menti, plusieurs fois. C'est
incroyable comme il est facile de mentir, comme chaque mensonge
s'imbrique dans l'autre jusqu'à obtenir un mur. Je sais que j'avais
parlé d'Y. à R., mais je ne sais plus en quels termes. Enfin, un
matin où je me suis levée plus tôt pour aller chez Y. avant les
cours, on a à nouveau cédé la tentation. Il s'est retrouvé à
côté de moi, sur lit, puis sur moi, à m'embrasser. Nous ne sommes
pas allés plus loin. Je ne pouvais pas. En arrivant au lycée, j'ai
croisé R.. Il m'a dit “tu l'as embrassé j'en suis sûr”.
C'était impossible, impossible qu'il le sache. J'ai nié. Durant le
cours, il m'a envoyé des messages incendiaires, j'ai fini par lui
demander ce qui lui faisait croire ça, il m'a dit “je l'ai rêvé
cette nuit”. Incroyable. Son inconscient devait sentir que je
n'étais plus avec lui, il lui a révélé mes actes. J'ai alors
admis. Je voulais rompre, maintenant qu'il était au courant. Il n'a
pas voulu. Il a dit qu'il m'aimait trop. Que je ne pouvais pas lui
faire ça après tout ce qu'il avait fait pour moi. J'ai cédé.
Je
sais. Pourquoi suis-je restée avec ce garçon que je n'aimais plus
alors que je vivais une passion? Je n'en sais toujours rien. Cette
passion me faisait peur. Je savais que j'avais du mal à me controler
en présence d'Y.. Je savais que je ne le connaissait pas. Je savais
que les coups de foudre portent ce nom parce qu'il sont aussi courts
que la foudre. R., c'était la sécurité, mon deuxième père, ma
deuxième famille; Y. c'était l'inconnu. Il a perdu son père à 14
ans. C'est beaucoup trop jeune. J'aurais aimé qu'il se confie à
moi, j'aurais aimé pouvoir l'aider, mais je ne faisais que le
torturer. Le soir, en rentrant chez moi, je pleurais. Je criais sur
Avril Lavigne, je me frappais. Je me détestais. Je faisais du mal à
deux personnes à la fois. Y. commençait à s'impatienter. On
continuait à se voir mais nous n'avions plus de contact physique.
Sauf une fois.
Un
soir, il est venu chez moi. On était à demi allongés sur mon lit,
côte à côte. A quelques centimètres. Je brûlais. Nos mains se
touchaient. Et là, ma soeur est entrée dans la chambre! Si, si
c'est vrai, ce n'est pas un mauvais effet pour gâcher l'histoire! Il
était neuf heure, on passait à table. La mère d'Y. l'avait déjà
appelé plusieurs fois.
Tout
ça dura un moment. Vinrent les vacances de février. R. voulait à
tout prix m'emmener au ski, avec son père. Je n'en avais pas envie.
Non seulement à cause de la situation mais aussi car le père de R.
me faisait peur. Il n'était pas méchant mais imposant. R. ne m'a
pas laissé le choix. Peu de jours avant le départ j'ai appris qu'on
allait dans la même station qu'Y.! Non, je n'invente pas, c'est ce
qui s'est vraiment passé. De toutes les stations qu'il y a dans les
alpes, nous sommes allés dans la même. Je ne sais plus si je l'ai
dit tout de suite à R.. Quoiqu'il en soit quand Y. l'a su, il était
content. On n'allait pas être séparés durant ces deux semaines.
Mais ça allait être compliqué.
Arrivés
là-bas, on s'envoyait des textos tous les jours, je les lisais dans
la salle de bains et effaçais tout ensuite. On essayait de se
croiser sur les pistes. C'est finalement arrivé. R. et son père et
les amis d'Y. on continué à skier et nous nous sommes assis au
milieu de la piste. Un simple “bonjour” “ça va?” et je suis
partie. Du moins c'est ce qu'il m'a semblé! Arrivée en bas, je ne
trouvais plus R. et son père. Je suis rentrée au chalet et me suis
faite enguirlandée. Par les deux. Ils m'avaient attendue vingt
minutes! Vingt minutes... cela m'avait paru être cinq. Ce soir-là,
il y avait un feu d'artifice. R. ne voulait plus qu'on y aille, il ne
voulait pas que je sorte. Je pleurais. J'envoyais la nouvelle à Y..
Et puis je ne sais comment ni pourquoi, R. a fini par accepter qu'on
y aille. J'allais être sous sa surveillance. Bien sûr, on a croisé
Y. et ses amis. R. se tenait derrière moi. On n'est pas restés
longtemps. Le dernier soir, Y. voulait qu'on se rejoigne à la salle
de jeux. Encore une fois, je ne sais pas pourquoi R. a accepté. On
jouait au flipper quand j'ai entendu la voix d'Y. derrière moi, qui
m'appelait. Il était très près. J'ai sursauté. Je me suis
retrouvée entre R. et Y.. Ne sachant quoi dire. Y. nous a proposé
de jouer au baby-foot avec ses amis. R. a refusé mais m'a laissé
jouer. Il est resté en retrait tout le long. Je jouais avec Y.. Ses
amis nous regardaient en riant. On était tous les deux perdus, figés
par nos sensations.
Et
puis c'était la rentrée. J'ai rompu avec R.. Chouette! Non.. Il ne
l'a pas accepté. Le lendemain il avait mis un CD et un poème dans
ma boîte aux lettres. Il voulait qu'on se voit pour la
Saint-Valentin. J'ai eu de la peine alors j'ai accepté. Il m'a
emmenée à la plage, avait acheté de quoi manger, une petite
bouteille de champagne et une bague en argent ressemblant à la bague
de fiançailles de mes rêves. C'était n'importe quoi. Je me suis
emportée. “Mais qu'est-ce que tu fais?” “Je veux que tu la
prennes et que tu me promettes de pas me quitter” “Mais on n'est
plus ensemble!” Peut-être mon erreur a été de ne pas clairement
reconnaître que j'étais amoureuse d'Y., de ne pas le dire
clairement à R.. Je suis restée avec lui. Mais pourquoi? A ce
moment de l'histoire vous devez être en colère contre moi. Vous
demander pourquoi je fais n'importe quoi comme ça. Le pire, c'est
que ce n'est pas fini.
Je ne
sais plus ce qui s'est passé au mois de mars. Je crois qu'Y. avait
fini par prendre ses distances. Durant tout ce temps j'étais allée
à la plage, le voir faire de la planche même si je ne le trouvais
pas parmis la multitude voiles. Mais j'étais près de lui. Au mois
d'avril, durant les vacances, je courais tous les matins près de
chez lui. J'ai fini par le voir rentrant chez lui. Il ne m'a pas vu.
Je lui ai envoyé plusieurs textos pendant que je courais. Il m'a dit
de passer. Encore une fois, difficile de rapporter ce qui s'est dit.
Comme vous le savez, nous parlions peu. Nous avons recommencé à
nous voir.
Il a
fini par demander de faire un choix. J'avais peur, tellement peur.
Mais pourquoi? Après six mois, comment ne pouvais-je pas être sûr
de vouloir être avec Y.? Je ne le connaissait pas. Comment cette
relation pouvait évoluer si on n'avait rien en commun? Je me posais
des questions, j'essayais de comprendre cette aimantation. Je
n'aimais pas ses amis, il me paraissaient idiots. Je m'étais
attachée à ceux de R.. Et je pleurais, et je changeais d'avis, et
je me frappais, et je pleurais. Je parlais à la cousine d'Y. qui
m'engueulais d'être aussi conne. Ca n'y changeait rien.
Mi-juin,
j'étais avec Y.. Comment, pourquoi, je n'en sais toujours rien. Ca a
duré deux jours. R. me harcelait constament au téléphone, me
suivait. J'ai à nouveau cédé. Fin juin, cette histoire était
finie.
Voilà
comment ça s'est passé:
C'était
un mercredi. On sortait de philo, encore. Même la prof avait compris
notre histoire. Les élèves ne pouvaient s'empêcher de nous
regarder en rigolant durant son cours sur le désir. A la fin de ce
qui devait être le dernier cours, en descendant les escaliers, Y.
m'a barré le chemin. On se disputait. Il voulait savoir ma réponse,
je lui disais que je ne pouvais pas. Il insistait. Je pleurais. On
dévalait les quatres étages en se barrant le chemin. Arrivés
dehors, il m'a dit qu'une fille l'avait abordé aux cours du soir,
qu'il attendait ma réponse pour lui donner la sienne. Mon coeur a
explosé. “Et ben vas-y! Sors avec elle! Tu vois pas que je peux te
faire que du mal! Va-t-en! Déteste-moi!” Je n'oublierai jamais le
regard noir et plein de souffrance qu'il m'a jetté avant de s'en
aller. Je suis restée scotchée, dans la rue, adossée à un
lampadaire, pleurant toutes les larmes de mon corps dans ma petite
robe blanche.
Je
l'ai bien cherché. C'était de ma faute. Je venais de jeter l'amour
de ma vie. Probablement le seul coup de foudre que j'aurai. Aux
résultats du bac, Y. est venu parader avec sa nouvelle copine. Sa
cousine me regardant désespérée “t'es trop bête”.
***
Trois
pages ont suffi à raconter huit mois de torture et de joie. Huits
mois qui ont marqué ma vie.
Pfff bla bla bla
faut arrêter Laura on s'en fou de lui! Aujourd'hui tu as trouvé un
garçon bien mieux! »